« Pour changer le monde, nous devons d’abord changer la façon dont les enfants naissent. » 

– Michel Odent – 

Changer le monde, changer de paradigme, ouvrir le champs des possibles, contribuer à un monde meilleur… Je regarde autour de moi, et je les vois, ces jeunes humains, trentenaires, incompris depuis leur jeune âge, hypersensibles, multipotentiels, qui prennent position, s’insurgent, revendiquent que ce changement DOIT s’opérer. Je vous vois, je vous entends, je vous comprends, je suis des vôtres. Notre génération, écorchée, révoltée, cette génération d’effronté.e.s dite “Génération Y” est là pour changer les choses, bouleverser les codes, ouvrir une nouvelle Voie. Ce changement va s’opérer en agissant simultanément sur tous les plans, et je vais pour ma part ici vous parler de l’un de mes combats : celui de la manière dont les bébés naissent ! 

Depuis quelques dizaines voire centaines d’années, nous nous sommes déconnecté.e.s de nos corps merveilleux et de nos ressentis, remettant dans les mains de la médecine moderne tous les pouvoirs, abandonnant notre puissance, notre capacité naturelle à enfanter et nos savoirs ancestraux au profit d’une science qui classe et qui catégorise, sans prendre en compte nos individualités, nos perceptions, nos émotions, nos humanités ! Et les bébés qui naissent en pâtissent. Non, les bébés ne sont pas juste un “tube” sans émotion ni ressenti, un bébé c’est une âme qui prend à un moment cette décision de venir s’incarner dans la matière, sur Terre, pour vivre la multitude d’expériences qui constituent son initiation. Et cette âme qui prend cette décision a besoin d’être accompagnée avec respect, douceur et empathie dans ce processus d’incarnation : dans le ventre de sa maman d’abord, dans sa naissance ensuite et enfin dans sa Vie d’être humain. 

Cette période est si particulière. Cette année 2020 fait ressurgir tant de choses ! Vous les voyez ces bébés qui décident de s’incarner dans ce monde en 2020 ? Ne faut-il pas une quantité immense de courage, d’amour, de persévérance pour venir s’incarner dans ce monde là ? J’en suis certaine : les âmes qui s’incarnent dans ce contexte mondialement tendu, auront une mission particulière pour ce monde !

« Depuis que le monde est monde, les femmes enfantent l’humanité… » 

– Karine Langlois –

“Porter la Vie”. Il y a dans ces trois mots, une poésie évidente. La création ultime. L’énergie créatrice et sexuelle à son sommet : l’Union qui crée la Vie, un nouvel Être, un petit d’Homme. Concevoir, porter la vie et enfanter : la naissance est une danse intuitive, à la fois douce, puissante et tribale. Une danse dans laquelle le co-parent et l’enfant à naître sont entièrement parties prenantes. Nous ne sommes pas juste des corps, ni des valeurs normées résultant de prises de sang et d’examens divers. Nous sommes des individus, avec une âme, un coeur, des émotions, et nous avons ensemble créé un petit être qui porte lui aussi cette individualité, cette conscience, cette perception sensorielle, extra-sensorielle et psycho-émotionnelle d’une finesse exceptionnelle. 

Limiter ce processus de la grossesse et de la naissance à une suite d’examens médicaux est réducteur et insensé. C’est d’ailleurs ce qui mène à l’infantilisation des femmes et à l’exclusion du co-parent de cette aventure incroyable. En fait, c’est beaucoup plus que ça. La femme qui porte la Vie est canal. Elle est le canal d’incarnation d’une nouvelle âme sur Terre…! Et on voudrait qu’une fois l’enfant né, sa maman retourne à son ancienne vie ? Comme si de rien n’était, comme si elle n’avait pas vécu la chose la plus transcendante du monde : donner Vie à cette âme venue s’incarner à travers elle ! C’est à proprement parler un grand Passage qui impacte les deux parents à tous les niveaux. 

Il est grand temps de nous affranchir, de rendre aux couples et aux familles la souveraineté de leur enfantement et de la naissance de leur.s enfant.s ! Il est temps de remettre au centre cette belle triade formée par la maman, son ou sa partenaire et leur enfant à venir ! De rendre leur place à leur intuition et de leur permettre de connecter ensemble durant la grossesse pour faciliter l’attachement, l’enfantement et les débuts de vie commune. Le rôle du second parent est CAPITAL. Il est amour, il est confident, et même si ça lui paraît insignifiant, il est indispensable. Grâce à nos partenaires, nous, femmes qui portons la Vie, sommes capables de grandes choses. Avec du recul je dirais même que derrière toute femme qui enfante dans sa puissance, derrière toute femme qui allaite et arrive à poursuivre cet allaitement sur la durée, il y a un.e partenaire qui assure et qui est soutenant par ses paroles, ses gestes, son regard bienveillant, par une main sur l’épaule ou un simple “je crois en toi” ! 

Alors ne nous empressons pas de “couper le cordon”. Ni tout de suite à la naissance, ni plus tard. Car enfin, la création de ce lien d’attachement est pour le moins ESSENTIELLE et nécessaire à l’enfant pour se construire en tant que futur adulte et citoyen du monde ! Libérons-nous des injonctions sociétales, maternons comme cela nous chante et vivons pleinement cette maternité, cette parentalité qui résonne fort dans nos coeurs de jeunes parents. Et puis parce que la nouvelle maman et son ou sa partenaire ont besoin d’être tous deux soutenus, il est aussi grand temps de reconstruire nos villages car « il faut tout un village pour élever un enfant… » c’est évident ! Ne restons pas seuls, permettons à d’autres qui portent les mêmes valeurs que nous, de nous accompagner dans cette parentalité, de nous soutenir et de nous faire sentir que nous sommes sur le bon chemin. 

« Sois le changement que tu veux voir dans le monde. » 

– Gandhi –

J’ai longtemps rêvé d’apporter moi aussi ma pierre à l’édifice d’un monde meilleur… D’ailleurs, d’aussi loin que je me souvienne (au moins depuis le collège!), je disais à qui voulait l’entendre que je serai entrepreneure. Je voulais déjà créer ma propre activité, être mon propre patron, ne dépendre de personne et surtout contribuer à mon niveau à créer un monde meilleur ! Depuis 15 ans, cette idée ne m’a pas quittée. J’en rêvais, je savais au fond de moi que c’était mon chemin, mais le domaine d’activité est longtemps resté une énigme. Tant de choses auraient pu me plaire… mais je ne savais que ce n’était pas encore “ça”. Puis j’ai porté la Vie. Quand ma fille est née, je suis née aussi et là, j’ai su. La maternité m’a révélée : c’est en devenant maman à 27 ans que j’ai compris quelle était ma “Mission de Vie”, et que j’ai enfin pu m’épanouir entièrement ! 

Après avoir tant pleuré à la lecture de centaines de témoignages de parents qui se sont trouvés niés dans leurs ressentis, violentés avant, pendant et après la naissance de leur enfant, j’ai perçu qu’il était temps pour moi de mener ce « combat ». Mais le combat que j’ai envie de mener est un combat pacifique. C’est celui de l’amour, de l’écoute, de la connexion, de la connaissance et de la beauté car je suis intimement convaincue que c’est par ces biais que les (futurs) parents reprendront leur pouvoir, s’approprieront la naissance de leurs enfants et grâce à cela, contribueront à leur tour à ce nouveau monde ! 

Si mon projet a mis du temps à mûrir et se concrétiser, je sais à présent qui je suis. Je suis Doula et je me sens enfin “en phase”, alignée. Telle est ma mission : accompagner les femmes, les couples et les familles dans toute cette dimension psycho-émotionnelle, dans cette reconnexion à leurs instincts profonds. Leur permettre de vivre une grossesse, un enfantement, une parentalité en phase avec leurs ressentis, leurs souhaits, leurs envies, leurs valeurs profondes… les accompagner et leur redonner le pouvoir pour qu’ils puissent s’approprier ces moments et être pleinement acteurs de cette période de leur vie, de ces grands passages et de cette co-naissance qui intervient quand l’enfant vient au monde : celle de l’enfant évidemment mais aussi celle de la mère, du co-parent et enfin de la famille qui se créée ! Puis accompagner le post-partum immédiat ou plus lointain, accompagner les femmes dans tout ce que cette re-naissance apporte de remises en question, de remises en perspective de leur avenir professionnel, enfin soutenir la grande aventure de la Vie ! 

Alors chères femmes, mamans, futures mamans, j’ai trois choses importantes à vous dire : 

  1. Votre corps vous appartient. Votre corps, vos choix. Rien n’est “obligatoire” : ni suivis, ni échographies, ni protocoles. Ne laissez personne vous dire le contraire… Vous avez TOUJOURS le choix. Renseignez-vous afin de décider en pleine conscience ce que vous souhaitez pour vous, votre corps, votre bébé !

2. Vous êtes capable. Votre corps sait faire et est prévu pour enfanter. Des milliers de femmes ont enfanté avant vous et continueront d’enfanter après vous. La surmédicalisation de l’accouchement date d’une soixantaine d’années, pas plus. N’oublions pas que c’est une goutte d’eau dans l’histoire de l’humanité. Alors informez-vous, préparez-vous, reprenez confiance dans votre capacité naturelle à enfanter et à vous occuper de votre enfant… Enfin, ne laissez personne insinuer que vous n’en seriez pas capable !

3. Entourez-vous. Permettez à votre partenaire d’entrer dans cette danse, laissez lui la place, permettez lui de s’intéresser à toutes ces belles notions que vous découvrez. Entourez-vous de personnes qui ont les mêmes valeurs que vous et laissez ce beau village se constituer autour de vous, car il sera votre plus beau soutien en post-partum immédiat ! 

Et surtout, souvenez-vous qu’en tant que femme, vous avez tout ce qu’il faut en vous pour enfanter votre bébé et le placenta qui vient avec !

Texte : Andréa Malterre – Photos : Olga Palet (couverture), Ghérard Christon (bas de page)

Texte et photos non libres de droits.